Céline Montigny-Frapy en plus d’être directrice par intérim de l’Ehpad de Tennie est la directrice du Pôle Gérontologique Nord Sarthe qui regroupe les établissements de Sillé, Beaumont-sur-Sarthe et Bonnétable. Elle explique comment le Pôle à fait face à la première vague du Covid-19 et comment les différents établissements se préparent à la seconde.
Actu : Pouvez-vous présenter et expliquer votre rôle ?
Céline Montigny-Frapy : Je suis Céline Montigny-Frapy. Je suis chef d’établissement depuis dix ans. C’est devenu le Pôle Hospitalier et Gérontologique Nord Sarthe au 1er janvier 2020. Le pôle résulte de la fusion de trois ex-hôpitaux locaux Sillé, Beaumont et Bonnétable. Les trois établissements sont sous une direction commune depuis 2002. Le principe de fusion a été acté en septembre 2018 et elle est donc effective depuis le 1er janvier. Toutes activités confondues, nous avons une capacité de 500 lits et places.
Côté personnel, on oscille entre 400 et 450 personnes, tous corps de métiers confondus. On a un grand territoire à couvrir. Avec l’équipe de direction, on se déplace sur les trois sites, même si le siège social est à Beaumont.
On propose de nombreux services : soins de suite (SSR), soins longue durée, des hébergements en Ehpad : complet et accueil de jour. On a une unité pour personnes désorientées, une pour les personnes handicapées vieillissantes. On a également un accueil de jour itinérant et un SIAD (service infirmier de soins à domicile), d’une capacité 60 places.
Actu : Quel bilan tirez-vous de la première vague de Covid-19 au sein de vos Ehpad ?
Céline Montigny-Frapy : Il y a eu une forte mobilisation de tous les professionnels de santé. Ils ont rapidement intégré les recommandations et les mesures. Ils ont fait face à la situation. Nous avons eu un cluster sur un seul de nos établissements. On a eu une vingtaine de cas sur Sillé.
Actu : Comment cela s’est-il passé pour votre personnel ?
Céline Montigny-Frapy : On a des professionnels qui sont dans la catégorie à risque. Il a fallu adapter. C’est-à-dire en les changeant de service. Tout a été fluide, tout s’est enclenché sans difficulté. Tout le monde a répondu présent.
Cela laisse cependant des traces, les congés d’été ont été maintenus car ils étaient indispensables. Malheureusement ils n’ont pas suffi à surmonter la fatigue installée. Le manque de visibilité, rajoute de la fatigue.
On a des tensions sur les ressources humaines. On a dû s’adapter et fermer des services au plus fort de l’épidémie. On est revenu à notre pleine capacité en septembre. C’est important pour les usagers. En ce qui concerne les remplacements, c’est la première fois que l’on doit recourir à de l’intérim pour les aides soignants. Avant on avait suffisamment de candidatures spontanées pour pourvoir les postes.
Actu : Avez-vous peur de la deuxième vague ?
Céline Montigny-Frapy : On n’a jamais relâché la vigilance sur les indicateurs nationaux et locaux, puisque cela a une incidence sur nos établissements. La vigilance est de mise depuis toujours. On fait des rappels sur les gestes barrières. La gestion avec les visiteurs est difficile. Certains ne respectent pas les recommandations. C’est le respect des mesures qui permettra de s’en sortir. On ne peut pas se permettre d’avoir quelques personnes qui ne les respectent pas. On va essayer que la 2ème vague se passe de la manière la moins pire possible. Notre mobilisation reste pleine et entière.
Actu : Dans quelles conditions se déroulent les visites ?
Céline Montigny-Frapy : Les mesures n’ont pas évolué depuis la fin du confinement. Elles ont lieu entre 14 h et 17 h. Il faut prendre rendez-vous pour les soins de suite. Pour le reste, il faut respecter le temps de visite (40 minutes). Il faut s’enregistrer sur le registre. Le port du masque est obligatoire, et ce, tout le temps de la visite !
Actu : Au niveau du matériel, on sait que cela avait manqué lors de la 1ère vague, y a-t-il un nouveau risque de pénuries ?
Céline Montigny-Frapy : On a suivi nos stocks bien en amont de manière hebdomadaire, compte tenu de l’évolution mondiale du virus. Pendant la crise, c’était tendu, on était en recherche permanent de matériel. On a toujours réussi à passer commande. Il fallait cependant assurer un suivi de livraison, car on pouvait nous prévenir 24 ou 48 heures avant, que la commande n’était finalement plus assurée. On reste vigilant pour cette 2e vague, puisque tout le monde va avoir besoin des mêmes choses. On n’est pas pour l’instant rendu au goulot d’étranglement mais il faut rester attentif.
(©Thomas Cherbonnel / Les Alpes Mancelles)